lundi 7 avril 2025

Ce que votre médecin n’a pas le droit de vous prescrire !

Un médecin peut-il vous prescrire n’importe quoi ? La question peut sembler provocante, et pourtant elle est légitime. Car si les médecins disposent bel et bien d’une liberté de prescription, cela ne signifie pas qu’ils peuvent agir à leur guise, sans cadre ni contrôle. Alors, jusqu’où va réellement cette liberté ? Et où commencent ses limites ?

Entre cadre légal, pratiques discutables et rôle (controversé) de l’Ordre des médecins, voici un décryptage essentiel pour mieux comprendre ce qui peut ou non vous être prescrit.

1. Ce que dit la loi sur les prescriptions médicales

Oui, la loi reconnaît aux médecins une liberté de prescription. Mais attention, cette liberté n’est ni totale, ni sans conditions. Elle est encadrée par le Code de déontologie médicale, et plus précisément par son article 8 :

« Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le médecin est libre de ses prescriptions […] Il doit limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins. »

Autrement dit, un médecin doit toujours fonder ses choix :

  • sur les recommandations médicales actuelles ;
  • sur les preuves scientifiques disponibles ;
  • et dans l’intérêt réel du patient.

Prescrire un traitement inutile, non éprouvé ou manifestement disproportionné pourrait donc constituer un manquement à ses obligations professionnelles.

2. Des dérives malgré le cadre légal

En théorie, tout est encadré. En pratique, les dérives existent bel et bien. Certains scandales récents ont mis en lumière les failles de ce système.

On pense notamment :

  • aux cas de surprescription d’antibiotiques dans des situations non justifiées ;
  • au scandale des “Lyme docteurs”, qui prescrivaient des traitements lourds sans preuve d’efficacité ;
  • ou encore aux prescriptions controversées durant la crise du Covid-19, où certains professionnels ont recommandé des traitements comme l’hydroxychloroquine, l’azithromycine ou l’ivermectine, sans validation scientifique solide.

Ces exemples montrent bien que la liberté de prescription, même encadrée, peut parfois se transformer en prétexte à des pratiques hasardeuses.

3. Le rôle (contesté) de l’Ordre des Médecins

Que peut faire un patient s’il estime qu’un médecin a dépassé les limites ? Il peut saisir l’Ordre des médecins, qui est censé veiller au respect du Code de déontologie. Mais dans les faits, la procédure reste longue, complexe et parfois frustrante.

Il faut souvent compter plusieurs mois, voire jusqu’à 3 ans en cas d’appel, pour que l’affaire aboutisse. Et certains professionnels n’hésitent pas à dénoncer un manque de réactivité ou de fermeté.

Le Dr Jérôme Marty, ou encore le Dr Lehmann, n’ont pas mâché leurs mots :

« Sous couvert de liberté de prescription, certains confrères peu formés continuent d’agir en toute impunité. »

En 2021, un appel intersyndical allait même plus loin : il réclamait la dissolution pure et simple de l’Ordre des médecins, pointant son inaction face aux conflits d’intérêts ou aux pratiques douteuses.

Selon certaines associations, l’Ordre se montre trop souvent complaisant à l’égard des dérives liées à l’influence de l’industrie pharmaceutique, ou incapable de sanctionner les professionnels dont les compétences posent question.

4. Liberté encadrée, mais vigilance nécessaire

Un médecin ne peut donc pas prescrire “n’importe quoi”. Sa liberté est réelle, mais strictement encadrée par la loi, la science, l’éthique et le devoir de soin.

Cela dit, le système n’est pas infaillible : les dérives existent, les régulations peuvent prendre du temps, et le rôle des instances de contrôle suscite de plus en plus de débats.

Il appartient donc aussi aux patients de rester informés, vigilants et de ne pas hésiter à interroger, questionner, demander des explications. Car derrière une ordonnance, il doit toujours y avoir une justification médicale rigoureuse pas une habitude ni une conviction personnelle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire