mercredi 10 septembre 2025

Souffrez-vous du syndrome de FOPO ?

Que ce soit dans le monde du travail ou dans la vie personnelle, le regard des autres prend beaucoup de place. Rien d’anormal selon plusieurs psychologues, sauf lorsque cette peur devient handicapante. Son nom : le syndrome du FOPO (Fear of People’s Opinions, peur de l’opinion des autres).

Que vont penser les autres de ma nouvelle coupe de cheveux ? De mon lieu de vacances cette année ? De ma décision de déjeuner seule en terrasse ce midi ? Lorsque ces questions empêchent l’action, on parle alors de syndrome de FOPO : Fear of People’s Opinions, traduit en français par la peur de l’opinion des autres. Cette crainte n’a rien de nouveau. En tant qu’êtres sociaux, l’opinion des autres a toujours fait partie de la vie en communauté. Un syndrome qui, depuis l’arrivée des réseaux sociaux, inquiète et prend beaucoup plus de place.

Selon le psychologue américain Michael Gervais, s’inquiéter de savoir ce que pensent les autres de nous est devenu une obsession irrationnelle dans notre monde hyperconnecté. Il est le premier expert à mettre le doigt sur ce syndrome. À cette époque, il fait le parallèle avec la vie en tribu et la nécessité d’être accepté, sous peine d’être rejeté et de devoir survivre seul en milieu hostile.

L’avènement des réseaux sociaux et du “bouton J’aime”

Deux facteurs favorisent le développement de cette peur : la culture de la critique et le perfectionnisme. Tous deux sont amplifiés par l’avènement des réseaux sociaux et la place quasi permanente qu’ils occupent dans la vie de chaque individu. L’apparition du bouton « J’aime » sur Facebook en 2009 puis sur YouTube en 2010 a fait naître cette recherche d’approbation sociale.

Le problème est que ces comportements peuvent conduire à un mal-être profond. « Le regard des autres nous amène à perdre nos moyens et à nous comporter de manière étrange. C’est un problème non négligeable. Quand cela se traduit par le sacrifice de ses goûts, de ses envies, cela induit du mal-être », explique à Ouest-France le psychologue Yves-Alexandre Thalmann.

Anticipation, vérification et adaptation

Autres impacts : la comparaison permanente avec les autres. « En étant constamment exposés aux moments forts de la vie des autres, les gens peuvent tomber dans le piège de la comparaison constante, rechercher une validation externe et regarder à l’extérieur d’eux-mêmes pour savoir comment ils se sentent dans leur peau », ajoute-t-il.

Selon Michael Gervais, le FOPO se manifeste en trois phases : l’anticipation, la vérification et l’adaptation. La première est marquée par les pensées qui traversent l’esprit avant un événement. La seconde se caractérise par une analyse accrue des paroles de l’interlocuteur, de son comportement ou de ses expressions faciales. Enfin, la phase de réponse concerne la réaction que l’on met en place pour se protéger. « Cette phase d’anticipation et cette phase de contrôle sont épuisantes. Vous devenez un organisme coûteux à gérer », déplore le psychologue.

La routine, un outil puissant pour se détacher de l’opinion des autres

Si vous êtes concerné par ce syndrome, pas de panique pour autant. Il est possible de contrer les effets de cette peur paralysante. Tout d’abord, en recentrant ses priorités et en identifiant ses propres objectifs sans chercher systématiquement l’approbation des autres.

Un autre outil puissant pour s’en débarrasser : la routine. « Apprendre à se concentrer sur ses pensées et ses sentiments internes, plutôt que sur les jugements et les attentes externes. Cette meilleure conscience de soi encourage les enfants comme les adultes à valoriser leur propre expérience d’eux-mêmes », affirme Michael Gervais.

Dans un monde où l’opinion d’autrui est omniprésente, savoir se détacher du regard des autres devient essentiel. Point important pour dédramatiser le jugement : les critiques des autres reflètent souvent leurs propres insécurités.

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