Le miroir fendu dans l’entrée"
Fidèle.
Il me renvoie mon image
chaque fois que je sors.
Mais depuis qu’il est fendu,
je ne me reconnais plus.
Une ligne,
fine,
nette,
qui coupe mon visage en deux.
Deux moitiés de moi
qui ne se regardent plus.
À gauche,
le moi prêt, coiffé, habillé,
celui qui sourit pour dire "tout va bien".
À droite,
celui qui doute,
qui baisse les yeux,
qui sait que ça ne va pas si bien que ça.
Et entre les deux :
une faille.
Petite.
Mais suffisante pour que plus rien ne colle.
Le miroir ne ment pas.
Il montre la division qu’on évite.
Moi, je vis fendu.
Entre ce que je montre
et ce que je tais.
Entre le rôle
et la douleur.
Le masque,
et le murmure.
Parfois, je me dis que je devrais le changer.
Acheter un miroir neuf.
Un qui ne trahirait rien.
Mais j’hésite.
Parce qu’en le regardant,
même si ça fait mal,
je vois vraiment.
Je vois que je suis deux.
Et que l’un des deux
commence à vouloir parler à l’autre.
Peut-être qu’un jour,
je les réunirai.
Mes deux visages.
Mon dedans et mon dehors.
Et peut-être que ce jour-là,
le miroir n’aura plus besoin de fendre.
Belkacem Bouasria Ouldabderrahmane

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