LE PROFESSEUR ET LA CHAISE VIDE
Chaque année, au début de la rentrée scolaire, il plaçait une chaise vide au fond de sa classe. Une chaise ordinaire, mais dont la présence silencieuse ne laissait personne indifférent.
Un jour, alors que les élèves observaient cette chaise sans comprendre, l’un d’eux, un jeune garçon au regard curieux, osa demander :
— « Monsieur, pourquoi cette chaise est-elle toujours là, vide ? »
Monsieur Diallo posa doucement son livre, fixa la chaise avec un sourire bienveillant, puis répondit :
— « Cette chaise est pour l’enfant qui n’a pas encore pu venir. »
Les élèves, surpris, se regardèrent. Le professeur continua, avec une voix calme et pleine de sagesse :
— « Il y a quelque part, peut-être dans ce village ou plus loin, un garçon ou une fille qui rêve d’apprendre, mais qui n’a pas encore trouvé le chemin pour venir ici. Peut-être qu’il marche des kilomètres pour rejoindre l’école, ou qu’il aide sa mère aux champs. Peut-être qu’il cherche simplement un cahier ou un stylo. Mais tant que cette chaise est ici, elle lui rappelle que nous l’attendons. Que nous croyons en lui, même s’il n’est pas encore là. »
Un silence profond s’installa dans la classe. Les élèves regardèrent la chaise avec un nouveau respect, comprenant qu’elle n’était pas vide, mais pleine de promesses, de rêves et d’espoir.
Les saisons passèrent. Les élèves de Monsieur Diallo grandirent, certains quittèrent le village, d’autres y restèrent.
Un jour, alors que le professeur vieillissant corrigeait des cahiers, un homme entra dans la petite école. Il portait une blouse blanche et un sourire rayonnant. C’était l’un de ses anciens élèves.
Après les salutations, l’homme, désormais médecin, fixa la chaise vide toujours présente au fond de la classe.
— « Monsieur, vous vous souvenez de cette chaise vide ? » demanda-t-il avec émotion.
Monsieur Diallo hocha la tête.
— « Bien sûr. Elle est toujours là. »
Le médecin, les yeux brillants, répondit :
— « C’est en voyant cette chaise, jour après jour, que j’ai compris que quelqu’un croyait en moi. Même quand moi-même j’en doutais. Elle m’a appris que j’avais toujours une place ici, que j’avais une chance, même si j’étais en retard ou en difficulté. Aujourd’hui, je suis devenu médecin, mais cette chaise… elle a été ma première source de courage. »
Le vieux professeur sourit, profondément ému. Il venait de comprendre que ce simple geste — cette chaise vide — avait transformé des vies, silencieusement, mais puissamment.
Parfois, croire en quelqu’un, même de loin, même en silence, peut transformer sa destinée.
La foi ne s’exprime pas toujours par des paroles grandioses. Parfois, elle se trouve dans un geste simple, une place réservée, une chaise vide qui rappelle à chaque enfant qu’il est attendu, qu’il a sa place.
— LEÇONS DE VIE

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