Le point sur les odeurs corporelles
Qu'elles soient attirantes ou repoussantes, les odeurs corporelles ne laissent jamais indifférent. D'où viennent-elles ? Faut-il vraiment chercher à les éliminer ? Comment venir à bout des plus tenaces ? Le point sur un tabou qui mêle hygiène, intimité et troubles divers.
D'où viennent les odeurs corporelles ?
La production continue de chaleur nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme est contrée par la fabrication de sueur. Cette substance corporelle indispensable est synthétisée à partir du sang par de petites glandes enfouies sous la peau. Elle est ensuite évacuée à la surface par de petits canaux et son évaporation permet de stabiliser la température interne du corps. Ce liquide biologique est-il nauséabond pour autant ? Absolument pas ! Contrairement à une croyance répandue, la sueur est pratiquement inodore. Ce n’est donc pas la transpiration en elle-même qui est responsable des mauvaises odeurs.
Le problème est que cette substance constitue le terreau idéal pour un tas de bactéries commensalesqui colonisent la peau. Ces bactéries ne sont pas nuisibles : elles ont, au contraire, un rôle décisif dans la défense immunitaire contre les pathogènes. L’environnement de la peau, tantôt humide, tantôt gras (du fait de la sécrétion de sébum) leur offre des conditions optimales pour proliférer, et la sueur est un aliment de choix. Lorsqu’elles la consomment, elles produisent des composés chimiques odorants, responsables des mauvaises odeurs corporelles.
A chacun son odeur
Toutes les bactéries ne produisent pas ces composés avec la même intensité. Les 4 groupes majeurs de bactéries qu’on retrouve à la surface du corps sont les staphylocoques, les corynébactéries, les propionibactéries et les micrococcus. Il semble que ce soient les corynébactéries qui contribuent le plus à l’odeur corporelle. Et comme chaque individu présente une composition bactérienne différente, l’odeur corporelle sera plus ou moins marquée en fonction notamment de la proportion de ces corynébactéries. Ceux qui auront une microflore composée majoritairement de ces dernières auront les odeurs corporelles les plus fortes.
Pourquoi ce phénomène est-il amplifié dans certaines zones (aisselles, pubis) ? | ||
En fait, il existe deux types de sueurs. L’une participe à la régulation de la température corporelle tandis que l’autre résulte davantage du stress. Cette dernière se concentre dans les plis, là où on retrouve une certaine pilosité comme les aisselles ou le pubis. Elle est plus laiteuse, plus riche en protéines et en sébum que la sueur classique et c’est elle que les bactéries préfèrent. Ce type de sueur, qu’on appelle aussi la sueur émotionnelle, est le responsable majeur des mauvaises odeurs corporelles. Elle n’apparaît jamais avant la puberté. Les facteurs qui influent sur les odeurs corporellesLa composition bactérienne de la microflore cutanée est l’un des principaux facteurs de l’odeur corporelle. Elle est elle-même très influencée par la génétique, et notamment par le complexe majeur d’histocompatibilité, un groupe de gènes qui codent pour des molécules propres à chaque individu. On parle même d’odeur-type pour se référer à un groupe d’odeurs semblables, par exemple au sein d’une famille. L’odeur corporelle d’une même personne peut varier en fonction de différents facteurs, comme l’état émotionnel, l’âge, le cycle menstruel mais aussi certaines maladies comme le cancer. Les chercheurs s’intéressent d’ailleurs à la façon dont on pourrait diagnostiquer cette maladie grâce à l’odeur corporelle. En 1989, déjà, Williams et Pembroke avais émis l’hypothèse que des chiens seraient capables de détecter des tumeurs malignes grâce à leur odorat. Le concept reste toujours d’actualité, particulièrement pour les cancers des poumons ou de la langue dont les composés organiques seraient davantage mesurables dans le souffle. Les odeurs corporelles comme la sueur ou l’haleine sont aussi influencées par l’alimentation. Certains aliments favorisent les mauvaises odeurs corporelles : c’est notamment le cas de l’ail, de l’oignon et des épices comme le curry. Néanmoins, cela reste très variable d’une personne à l’autre et chacun doit repérer ce à quoi il est sensible. Certaines maladies génétiques, relativement exceptionnelles, peuvent également poser des problèmes d’odeurs. C’est notamment le cas de la triméthylaminurie, une maladie métabolique caractérisée par une forte odeur apparentée à celle du poisson pourri en cas de consommation de certains aliments (on la connait aussi sous le nom de « fish odor syndrome »). L'excès de sueur aggrave les odeurs corporellesLa mauvaise odeur corporelle résulte principalement de la composition de la flore bactérienne, mais elle peut être aggravée si la personne a tendance à trop suer. On appelle cela l’hyperhidrose. La plupart du temps, elle n’est reliée à aucun problème de santé particulier. Souvent, seules certaines régions du corps produisent davantage de sueur, comme les paumes des mains et des pieds, les aisselles ou le cuir chevelu, mais il peut arriver que la sueur émane exagérément de tout le corps. Les glandes sudoripares d’un individu normal produisent en moyenne 1 litre de sueur, mais ce total peut être 3 à 4 fois supérieur en cas d’hyperhidrose, avec les conséquences que l’on connaît : qui dit plus de sueur, dit davantage de composés odorants produits par les bactéries commensales. La gêne provoquée par ces odeurs (en plus de symptômes tels que les mains moites, les vêtements trempés, etc.) peut entraîner un véritable cercle vicieux puisque le stress engendré augmente lui aussi la production de sueur.
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