Philosophie, la quête de la sagesse
Le Mendiant et le riche
« Une pièce, monsieur, pour un pauvre. »
Le riche le regarda à peine. Il fouilla dans sa poche, en sortit une petite monnaie et la laissa tomber dans la paume ouverte, comme on jette un os à un chien. Puis il reprit sa route, plus pressé qu’avant.
Mais le mendiant le rappela :
« Attendez, monsieur ! Vous m’avez donné un sou, mais je veux vous donner quelque chose en retour. »
Le riche s’arrêta, étonné.
« Que peux-tu me donner, toi qui n’as rien ? »
Le mendiant sourit.
« Quand un mendiant te tend la main, ce n’est pas pour te demander un sou, c’est pour t’aider à sortir de ton trou d’indifférence, de ton sommeil, de ta misère intime. Les mendiants sont des donateurs invisibles, souviens-toi de cela. »
Le riche haussa les épaules.
« Des mots, rien que des mots. »
Il repartit. Mais ce soir-là, dans son lit, il ne put dormir. Il repensait à la main tendue, au sourire du mendiant, à ces paroles qui résonnaient comme un écho dans sa poitrine. Pour la première fois, il se demanda : Et si c’était moi, le vrai pauvre ?
Le lendemain, il revint sur ses pas. Le mendiant était toujours là.
« Tiens, dit le riche en lui tendant une bourse pleine d’or. Prends tout. »
Le mendiant refusa.
« Garde ton or. Ce que je t’ai donné hier vaut plus que tout l’or du monde. »
Et il tendit à nouveau la main – vide, cette fois.
Le riche la prit. Et pour la première fois, il sentit une chaleur monter en lui, une lumière s’allumer dans son cœur. Il comprit alors que le mendiant ne lui avait pas demandé l’aumône : il lui avait offert la richesse véritable – celle qui ne s’achète pas, celle qui se donne. »
[Henri Gougaud]~ {Les Mendiants de miracle}

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